Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/28

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le prédicateur, d’un grand geste pathétique, semblait embrasser l’horizon tout entier.

— Mes frères, s’écriait-il, regardez autour de vous ! Il y a encore un demi-siècle, ceci était un pays protestant, et l’Église de Dieu n’y était qu’une secte parmi d’autres sectes. Et aujourd’hui, aujourd’hui, Dieu a triomphé, et la vérité s’est imposée à tous. Il y a un demi-siècle, nous n’étions qu’une poignée, entourée de milliers qui ignoraient Dieu : et aujourd’hui nous régnons sur le monde. Fils de l’homme, crois-tu que ces ossements desséchés puissent vivre ? Ainsi la voix de Dieu interrogeait le prophète. Et voici que ces cadavres se sont redressés sur leurs pieds, ont constitué une armée innombrable ! Que si, donc, le Seigneur a fait pour nous de si grandes choses, que ne fera-t-il pas encore dans l’avenir ? Mais le Seigneur n’agit que par l’entremise de l’homme. Comment entendraient-ils sans quelqu’un pour leur parler ? Faites en sorte que les ouvriers ne manquent pas à la vigne qui attend ! Déjà les grappes pendent, prêtes à être cueillies. Et entendez le Seigneur qui ordonne : Que l’on envoie des ouvriers dans ma vigne !

Les mots n’avaient rien que de banal, et étaient prononcés avec un accent étranger ; mais l’orateur avait en soi une force passionnée, et son individualité rayonnait sur l’énorme foule, enflammant la voix sonore, qui allait atteindre jusqu’aux auditeurs les plus éloignés. Puis, après un rapide signe