Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/256

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Mais Percy secoua la tête.

— Il n’y a plus de plans à faire ! répondit-il. Nous ne savons rien que le fait, aucun nom, rien ! Nous sommes comme des enfants dans la cage d’un tigre !

— J’espère que nous communiquerons l’un avec l’autre ?

— Oui, certes, si seulement nous sommes en vie !

Il était curieux de voir comment Percy, involontairement, dominait son vieux compagnon. Il n’était cardinal que depuis quelques mois, et avait à peine la moitié de l’âge du vieil Allemand ; et, cependant, c’était le plus jeune qui dictait les plans et arrangeait tout. Mais lui-même n’était guère disposé à s’apercevoir de cette différence. Dès l’instant où il avait appris l’effrayant projet, cette nouvelle mine préparée sous l’Église déjà chancelante, depuis qu’il avait assisté, ensuite, à l’imposante cérémonie, avec un secret qui brûlait son cœur et son cerveau, mais surtout depuis cette rapide entrevue avec le pape où les vieux plans avaient été détruits, et une décision essentielle prise et une bénédiction donnée et reçue, et un adieu exprimé dans un échange muet de regards, toute sa nature s’était concentrée en un seul grand effort. Il sentait à présent le désir d’action flamboyer en lui, parmi les ténèbres d’un désespoir immense. Toute la question, désormais, était simplifiée : lui-même, la cité de Rome, l’Église catholique, tout semblait ne plus dépendre que d’une seule chose, — le doigt de Dieu ! Et si ce