Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la récente série de faits des mois précédents, où, tour à tour, Felsenburgh avait été proclamé messie à Damas, adoré comme un dieu à Londres, et, enfin, s’était vu élire à la présidence des deux Amériques.

Le pape avait parcouru le récit de ces événements historiques, qui lui étaient déjà suffisamment connus ; mais surtout il avait étudié avec attention l’analyse du caractère du mystérieux personnage, ce que l’auteur appelait, sentencieusement, sa « révélation au monde ». Cet auteur définissait, comme étant les deux grands traits caractéristiques de la personnalité du Président, sa double faculté de domination sur les mots et sur les faits. « En lui, écrivait-il, les mots, ces enfants de la terre, se trouvent mariés aux faits, ces enfants du ciel ; et le suprême Surhomme n’est que le produit de cette union. » Parmi les traits secondaires, l’écrivain anonyme notait la prodigieuse mémoire du héros, son génie linguistique. Il le louait de posséder à la fois « l’œil télescopique et l’œil microscopique », de pouvoir discerner également les grandes tendances universelles et les plus menus détails des choses particulières. Diverses anecdotes illustraient ces observations, et l’auteur rapportait un certain nombre de ces courts aphorismes qui étaient l’un des modes d’expression favoris de Felsenburgh. « Nul homme ne pardonne, disait, — par exemple, celui-ci : ce qu’on appelle pardonner, c’est seulement comprendre. » Ou bien : « Il faut une foi suprême pour renoncer à croire en Dieu. »