Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/303

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Ou bien encore : « Un homme qui croit en soi-même est seul capable de croire en son prochain. » Et le pape songeait que cette dernière phrase traduisait parfaitement l’égoïsme transcendant qui, mieux que tous les autres états d’esprit, était capable de s’opposer à l’esprit chrétien. Felsenburgh disait encore : « Pardonner un mal commis, c’est approuver un crime. » Et encore : « L’homme fort ne doit être accessible à personne, mais tous doivent être accessibles pour lui. »

Il y avait, dans plusieurs de ces paroles, un certain ton d’emphase assez déplaisant ; mais ce ton provenait bien plutôt du biographe que de l’orateur lui-même. Quiconque avait vu Felsenburgh savait de quelle façon ces phrases avaient dû être prononcées : sans aucune solennité pédante, mais enveloppées d’un tourbillon brûlant d’éloquence, ou bien exprimées avec cette simplicité, étrangement émouvante, qui avait valu au Président sa première victoire sur Londres. Certes, il était possible de haïr Felsenburgh, et de le craindre, mais non pas de le dédaigner, ni de sourire d’aucune de ses manifestations.

Un des thèmes favoris de l’auteur du livre était de signaler l’analogie qu’il découvrait entre son héros et la nature. Dans l’un comme dans l’autre se trouvait la même contradiction apparente, la combinaison de l’extrême tendresse avec l’extrême impitoyabilité. « Le pouvoir qui guérit les plaies est aussi celui qui les inflige, le pouvoir qui revêt le sol de fleurs et de gazon est