Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/342

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songeant que sa femme, tout compte fait, n’était qu’une femme, un être faible, à la merci d’une personnalité vigoureuse, mais échappant à toute prise de la logique ; et, malgré cette consolation, le désappointement qu’il avait éprouvé lui avait été cruel. Pourvu, au moins, que le temps réussit à la rendre plus sage !

D’autre part, le gouvernement de l’Angleterre avait recouru, très vite, à des procédés très intelligents et très adroits pour rassurer tous ceux qui, comme Mabel, étaient tentés de reculer devant l’inévitable logique de la politique nouvelle. Une armée d’orateurs avaient parcouru les villes et les provinces, défendant et expliquant ; la presse avait travaillé avec une activité extraordinaire à convaincre l’opinion ; et l’on pouvait bien dire qu’il n’y avait pas une seule personne, parmi les millions des habitants de l’Angleterre, dont les scrupules et les objections n’eussent été directement prévus, raisonnés, et réfutés, suivant l’esprit du gouvernement.

En résumé, et abstraction faite de toute rhétorique, voici quels étaient les arguments invoqués en faveur de cette politique, — arguments qui, sans aucun doute, dans un très grand nombre de cas, avaient eu pour effet d’apaiser la surprise et la révolte des âmes sentimentales :

On faisait remarquer, d’abord, que, pour la première fois dans l’histoire du monde, la paix était devenue une réalité universelle. Il ne restait plus un seul État, si petit ou si lointain qu’il fût, dont les intérêts ne fussent iden-