Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/411

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prégné comme d’une buée métallique. Mais tout cela était aussi monstrueux, aussi profondément éloigné de la réalité ordinaire, qu’aurait pu l’être un paysage fantastique peint par un aveugle-né, ou plutôt par un homme qui jamais n’aurait vu les choses dans la claire lumière du soleil. Et le silence était absolu, profond, épouvantable.

Très vite, le prêtre descendit les marches raides, toujours précédé de la lumière que portait le messager ; puis il longea le petit corridor, où il se heurta contre les pieds d’un homme qui dormait, avec tous ses membres tassés, comme un chien fatigué ; aussitôt, les pieds s’écartèrent, d’une détente machinale ; un faible gémissement jaillit des ténèbres. Puis le prêtre dépassa le messager, qui s’était arrêté sur le seuil d’une porte, et pénétra dans la chambre de son maître.

Une vingtaine d’hommes étaient réunis là, blanches figures silencieuses, chacun se tenant debout à part des autres. Et toutes ces figures s’agenouillèrent, lorsque, presque au même moment, le pape entra dans la chambre par la porte opposée ; et puis, de nouveau, elles se tinrent debout, attentives, les visages imprégnés d’une blancheur de cire. Le Syrien les parcourut d’un regard, après s’être placé derrière le siège de son maître. Il y en avait deux qu’il connaissait, se souvenant de les avoir vues la nuit précédente : le cardinal Ruspoli, avec ses grands yeux creusés, et le maigre archevêque