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SCIENCE DE LA MORALE.

réduit à se défendre par tous les moyens en son pouvoir. Et en effet si les choses en venaient là, les deux adversaires ne se trouveraient pas de force a lutter contre l’homme politique ; qu’en adviendrait-il, s’il n’était retenu par ses principes, et par la conscience de leur solidité ? Il adviendrait qu’étendant les bras, il les aurait bientôt saisis et mis à la porte sans cérémonie. Ce n’est pas que nous lui recommandions d’en agir ainsi ( quoiqu’en bonne justice ils n’auraient aucune raison de se plaindre), parce que, autant qu’on peut prévoir l’avenir, il ne sera jamais nécessaire d’en venir à des actes de violence, pour réaliser le but que nous avons en vue dans cet ouvrage. Nous n’appellerons jamais la persécution au secours de notre enseignement moral. Mieux vaudrait mille fois nous réunir à nos antagonistes ; car de toutes les causes qui peuvent entraver la marche de la vérité et détruire ses résultats, il faut placer en première ligne l’infliction de souffrances inutiles. C’est ce que le Déontologiste ne conseillera jamais à l’homme politique ; mais ce qu’on peut lui conseiller en toute sûreté de conscience ( et l’emploi de ce moyen suffira amplement et comme châtiment et comme moyen de défense), c’est de laisser les déclamateurs déclamer, et de ne point se