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SCIENCE DE LA MORALE.

aille à la découverte des conséquences qui doivent résulter d’une action donnée ; il faut qu’il les recueille le mieux qu’il le pourra, et qu’il les présente ensuite à l’usage de ceux qui peuvent être disposés à profiter de ses services. Humble est sa tâche, mais grande est son oeuvre ; et c’est dans la prévision du bien qu’il doit produire, que peut seule consister sa récompense.

Ce n’est pas ainsi que les instructeurs publics ont généralement procédé. Ils se sont érigé, dans le domaine de l’action morale, un trône élevé. C’est de là qu’en monarques absolus et infaillibles, ils ont imposé des lois à l’univers qu’ils s’imaginaient voir à leurs pieds, et qu’ils ont exigé pour leurs commandemens et leurs prohibitions, une prompte et péremptoire obéissance. Le monde s’est fréquemment indigné de l’impudence de ses gouvermans politiques. Celui qui, de son chef, se constitue arbitre souverain de la morale ; qui, comme un fou dans sa loge, agite un sceptre imaginaire ; celui-là, dans son impudence, dépasse toute mesure. Un certain sentiment de responsabilité, la crainte d’une réaction, peuvent contrôler le despotisme d’un gouvernant reconnu ; mais quel contrôle opposer à l’égarement et à la présomp-