et d’autorité, et que nous aurons plus d’une fois l’occasion de réfuter dans cet ouvrage. Ce mot sacramentel, c’est le mot devoir. Quand on a dit : Vous devez faire ceci, vous ne devez pas faire cela ; est-il une question de morale qui ne soit à l’instant décidée ?
Il faut que ce mot soit banni du vocabulaire de la morale.
Heureusement qu’il en est un autre qui, employé à propos, peut servir à ruiner de fond en comble bien des assertions fallacieuses. «Vous devez, vous ne devez pas, dit le dogmatiste. Pourquoi ? répond l’investigateur. Pourquoi ? rien de facile comme de dire : Vous devez ; rien de difficile comme de soutenir l’inquisition pénétrante d’un pourquoi ?
Pourquoi dois-je faire cela ? Parce que vous le devez, a-t-on l’habitude de répondre, et le pourquoi revient à la charge avec une autorité nouvelle, celle que procure un triomphe déjà obtenu.
On peut répondre que ce n’est pas l’indolence et la paresse qui font adopter à l’instructeur cette phraséologie ; car au lieu d’écrire avec tant de déraison, il s’abstiendrait totalement d’écrire s’il n’obéissait qu’à une indolence naturelle.