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82 DÉONTOLOGIE.

Ces plaisirs et ces peines, l’obtention des uns, l’éloignement des autres, sont les seuls motifs qui président à la conduite des hommes. On a adapté à la plupart d’entre eux une phraséologie emportant l’idée d’un sens bon, indifférent, ou mauvais. Par exemple, l’amour de la réputation, dans un mauvais sens, s’appelle faux honneur, orgueil ou vanité ; dans un sens indifférent, on l’appelle ambition, mot susceptible d’interprétation et inclinant tantôt vers le vice, tantôt vers la vertu ; puis, dans un sens favorable, le même mot se traduit par honneur, amour de la gloire : le motif religieux prend toutes les nuances du zèle, de la piété, de la dévotion, de la superstition, de l’enthousiasme, du fanatisme. Mais, quelque variée que soit la phraséologie qui les désigne, on trouvera, nous le croyons, que ces motifs appartiennent à l’une ou à l’autre des classes de plaisirs ou de peines que nous avons énumérées.

Il est un grand nombre de plaisirs et de peines qui, bien que capables d’agir, et agissant en effet, comme motif déterminant, n’ont cependant qu’un rapport éloigné avec le sujet. Le plaisir de la nouveauté, par exemple, est l’anticipation d’une jouissance indéfinie, ou qui n’est que partiellement définie : c’est l’acquisition