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SCIENCE DE LA MORALE. 83

d’une connaissance nouvelle, ce peut même être une sorte de désappointement agréable ; quelquefois il prend la forme d’une difficulté vaincue. Il est fréquemment très difficile de rattacher le plaisir à sa cause.

Le plaisir de la mémoire est un plaisir résultant de l’exercice de la puissance agissant, par l’intermédiaire des idées, sur les choses qui promettent l’utilité. Nous rappeler ce que nous désirons nous rappeler, est une sorte de triomphe, et de la volonté, et de l’intelligence ; car, dans l’étrange travail de l’esprit humain, il est des choses que nous nous efforçons en vain de nous rappeler, il en est d’autres qui assiègent malgré nous notre mémoire : ce que nous désirons le plus nous rappeler, échappe à tout l'effort de nos souvenirs ; ce qui nous déplaît le plus se retrace avec une force et une influence toute puissante. Les plaisirs de la conception ou de l’imagination, ne se rattachent au vice ou à la vertu qu’en raison de leur sujet et de leur source.

Les individus sont plus ou moins sensibles à l’influence de la peine et du plaisir en général, ou d’une peine et d’un plaisir en particulier, en raison de l’organisation corporelle et intellectuelle de chacun, des connaissances, des habitudes, de la condition domestique et sociale, du