Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


X


Six semaines après, j’étais à Hombourg. Mon itinéraire ne devait pas me conduire là ; mais un aimant dont je subis irrésistiblement la puissance aux heures de déception, m’y avait attiré ; il m’y fixa. Entre les passions, celle qui domine surtout les gens frappés de la même disgrâce que moi, c’est la passion du jeu. Absorbante, taciturne, farouche, elle a le vertige irritant de l’imprévu, n’est point communicative, ne demande pas à être partagée. Elle résume en un instant la vie avec ses ambitions, ses piéges, ses brûlantes alterna-