Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/110

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des champs promettaient un éclatant soleil ; les buissons étaient blancs des mêmes fleurs, et les mêmes oiseaux s’y posaient, un brin de mousse au bec ; pourtant tout me semblait morne et aride.

Je pressai le pas afin de ne trouver personne debout à Belles-Aigues, et d’y pouvoir rentrer inaperçu comme j’en étais sorti.

Lorsque je franchis la haie de nouveau, tout dormait en effet, hormis une famille de Bohémiens qui ranimait, dans un herbage attenant au parc, le feu de son bivouac, pour préparer le repas du matin. Il y avait là un grand gaillard déguenillé qui berçait son enfant dans ses bras. Ce spectacle m’exaspéra. Je courus me jeter sur mon lit et mordis ma couverture dans un spasme de rage.