Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/132

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regrette d’avoir si souvent oublié de les aimer.

Félix baissait les yeux pour dissimuler une émotion profonde, et il était évident que, malgré sa franche sympathie, Gaston ne parvenait pas à en comprendre l’étendue. C’était un esprit insouciant et léger, encore ignorant de tout chagrin. Jamais plus beau cavalier ne porta plus gaillardement un nom illustre, une grande fortune héréditaire et tout l’ensemble d’une existence privilégiée. Dans ses yeux brillants, sur ses lèvres épanouies, ombragées d’une fine moustache, on lisait la joie de vivre, dans des conditions si complétement heureuses. La sécurité un peu impertinente de son regard, la désinvolture de sa haute taille dune élégance militaire, eussent pu faire croire, en outre, à quelque fatuité, à un contentement exagéré de soi-même.