Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/133

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Distrait, réservé, d’une politesse froide, Félix formait avec lui un frappant contraste. Son visage amaigri, ses cheveux déjà veinés de blanc et rares sur les tempes, ses épaules un peu voûtées, lui donnaient l’air d’un jeune savant fatigué par des veilles laborieuses. Le climat d’Orient avait bistré son teint mat. Il était vêtu avec une négligence qui indiquait assez combien il avait oublié, dans ses voyages, les traditions de la tenue telle qu’on l’entend à Paris.

Entre ces deux amis, pourtant, la différence n’était pas aussi grande qu’on eût pu le croire d’abord ; c’étaient leurs professions et leurs destinées qui étaient opposées plutôt que leurs personnes et leurs caractères ; l’un avait déjà vécu, souffert et lutté, tandis que l’autre entrait dans le monde par la plus brillante et la