Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

veiller à ce qu’on l’affublât le plus longtemps possible de robes courtes, dont l’aspect enfantin empêchait de compter ses années et les siennes par la même occasion. — Le père, malgré sa sollicitude, ne s’était jamais demandé si c’était une souffrance physique ou une préoccupation morale qui assombrissait le front de sa fille. Suzanne l’aimait beaucoup, mais comme on aime un être d’une nature essentiellement différente de la vôtre, qui n’a ni la même langue ni les mêmes sensations, et ne peut, par conséquent, vous comprendre. Elle avait donc grandi, solitaire, mettant toute l’exaltation dont elle était capable dans son art, sa religion et la tendresse exaltée que lui inspirait Gaston. Cette tendresse, que la timidité l’empêchait de témoigner d’aucune façon, se répandait sur madame de Courvol,