Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/184

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langueur, à cette souffrance cérébrale qu’apporte l’orage.

Elle ne comprenait pas qu’une inquiétude, longtemps subie dans le silence du cœur, prend de nouvelles et violentes proportions lorsque l’aveu en est monté aux lèvres et que c’était le secret sentiment de l’indifférence de Gaston qui l’oppressait. Lui comprenait peut-être mieux qu’il est dangereux de se faire le confident, le conseiller d’une femme qui, après s’être montrée tendre et passionnée en parlant d’un autre, vous promet, à vous, l’affection d’une sœur.

Il lui sembla que ce qu’elle exprimait pour Gaston, il le ressentait pour elle ; leurs larmes se mêlèrent et peut-être les larmes de Félix furent cette fois comme celles de Suzanne, des larmes d’amour.