Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/198

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sement où l’avait plongé les révélations de Suzanne ; il était devenu avec elle plus réservé qu’auparavant, il s’était promis, malgré l’autorisation cavalière de son ami, de ne jamais l’aimer, et ses serments furent peut-être justement ce qui fit qu’il aima. Le premier symptôme d’amour, il l’avait ressenti la veille du départ de Gaston, lorsque Suzanne, par dépit sans doute et aussi pour éprouver une fois encore son volage fiancé, s’était livrée avec lui à un petit manège de coquetterie bien innocent en apparence mais dont souffrit ce pauvre cœur timide, attentif à cacher ses impressions. Personne n’en sut rien et il laissa saigner sa blessure, en la dérobant soigneusement à la pitié de celle qui l’avait faite. Depuis, Félix s’attacha de plus en plus, et il fallut qu’il s’exaltât singulièrement dans le devoir des privations,