Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/199

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dans l’amère jouissance du dévouement, pour ne jamais céder à la séduction qui l’entraînait. Ce qui le retenait aussi, il faut bien le dire, c’était la familiarité même de mademoiselle de Vallombre, cette liberté d’esprit, qu’elle conservait toujours avec lui.

Cependant les lettres de Gaston arrivaient tantôt pour sa mère, tantôt pour Suzanne, qui prenaient l’une contre l’autre une jalousie violente, selon que l’une ou l’autre recevait la faveur enviée. Ces lettres rayonnaient d’abord d’enthousiasme et de joie ; c’étaient de vrais poëmes descriptifs, d’ardentes épopées ; la poésie du danger couru, l’ivresse de la première blessure, ce côté romanesque de la carrière des armes qui vous fait croire qu’on vit comme les héros d’Homère, tout cela y débordait et fascinait ces pauvres femmes qui