Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/203

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longtemps, contre l’ordinaire, de ces dépêches quotidiennes qui seules la soutenaient ; couchée sur un canapé près de la fenêtre, elle tournait du côté de l’orient ce regard des gens qui s’en vont, ce regard éclairci par l’approche de l’autre vie et qui, avant de se fermer sur celle-ci, voudrait dévorer l’espace et percer la nuit des distances. — Suzanne entra tout animée, tenant quelque chose qu’elle faisait sauter en l’air.

— Une lettre ! s’écria-t-elle en venant s’abattre sur un tabouret aux pieds de madame de Courvol, — une lettre de lui !

Elle l’embrassa avec un sorte de violence, car son cœur débordait :

— Chère bonne mère ! murmura-t-elle.

— Il n’y a pas de mère aimée, soignée, gâtée par sa fille, comme je le suis par toi,