Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

propos de Suzanne que tu es bien maladroit et imprudent. Comment ! tu me parles d’elle sans cesse, avec une vivacité dont je ne t’aurais jamais cru capable, et tu ne crains pas d’enflammer mon imagination par l’attrait de la seule chose qu’on aime en ce monde, l’impossible ! Car enfin, j’ai placé un obstacle insurmontable entre elle et moi, le jour où je t’ai permis de me supplanter auprès de cette femme qui devait être mienne. Eh bien ! le cœur humain est si étrange, que je me répète depuis ce jour-là : — Puisqu’elle peut inspirer de l’amour à un homme tel que Félix, c’est qu’il y a réellement quelque charme en elle, un charme que je n’ai pas su trouver, mais qu’il me semblerait assez piquant de chercher et de connaître. Cette tentation du fruit que je me suis défendu, te donnera une