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Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/207

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fait ici dans les tranchées, et ce sera une longue guerre. J’en prends mon parti aujourd’hui, que je cours risque d’être tué par autre chose que par la maladie ; mais il a eu raison pourtant, celui qui a dit que pour mourir sous l’uniforme, il ne fallait avoir ni père, ni mère, ni femme, ni amie à faire mourir dans les larmes. Moi je n’ai qu’une mère, mais j’ai reporté sur elle toutes les affections dont je suis capable, et en ce moment je sacrifierais volontiers au sentiment filial si longtemps languissant, mon fétiche d’autrefois, si je le pouvais sans déshonneur… je lui sacrifierais tout… et mon épaulette, et les aventures, et ma rage d’indépendance, mes folles amours des temps lointains, cela va sans dire, ma haine du mariage même… J’irais, je crois, jusqu’à épouser mademoiselle de Vallombre ! — Sais-tu, à