Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/21

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Nous étions entrés dans le salon ; par un mouvement qui me parut être le comble de l’éloquence, Gérard m’entraîna devant le portrait de notre mère, dont la main étendue semblait bénir la réunion de ses enfants, puis me ramenant vers une grande glace qui faisait face au portrait et le reflétait, il compara cette figure angélique avec la mienne qui en rappelait vaguement les lignes, puis enfin il souffla sur la glace, et dans la buée légère de son haleine, écrivit du doigt : — Nous nous ressemblons !

Je l’embrassai pour toute réponse. — Oui, je lui ressemblais comme la statue ressemble à l’homme, comme la mort ressemble à la vie ; la flamme de jeunesse qui éclairait ses traits, se changeait sur les miens en une ombre de réflexion pensive, dont le contraste avec la