Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/212

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fit subir à Félix, au sujet de son absence, un interrogatoire dont il se tira à grand’peine ; la comtesse témoigna au jeune homme cet intérêt tout plein de distractions et de banalités qui suffisait dans le monde pour lui assurer la réputation d’une femme aimable. La broderie de son mouchoir avait essuyé les larmes versées au lit de mort de sa meilleure amie, et elle ne comprenait rien à la douleur persistante qui accablait Suzanne. En effet, Suzanne avait dû regretter madame de Courvol, si c’était à ce malheur seul qu’il fallait attribuer l’altération de ses traits.

Elle ne parla guère à Félix durant toute cette visite. Au moment où il prenait congé d’elle, se trouvant seule avec lui dans le petit salon :

— Quels projets d’avenir avez-vous ? lui dit-elle tout à coup.