Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/215

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envers Suzanne ce qu’il avait toujours été, craintif, respectueux, esclave de ses moindres fantaisies. Il vécut auprès d’elle comme si elle ne lui avait fait aucune promesse ni même donné aucune espérance, et ne sut qu’elle se souvenait de tout cela, que lorsqu’elle l’autorisa formellement à demander sa main.

Le comte, à qui l’on avait toujours caché l’épisode de la lettre, déclara d’abord ne pouvoir rompre ses engagements vis-à-vis de Gaston ; mais sa fille suppliait, Félix d’Aubray lui paraissait devoir être le modèle des maris ; il appartenait à une excellente famille ; sa fortune, moins considérable que celle des Courvol, satisfaisait cependant ses ambitions ; il se laissa fléchir.

Quant à la comtesse, l’idée que Suzanne fût inconstante et eût des caprices, lui fit lever les