Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/226

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enfantin, et vraiment, dans le demi-jour de son boudoir, elle semblait être la cadette de sa fille.

Quant à madame d’Aubray, Gaston eût pu la rencontrer sans la reconnaître. Hormis le son de voix argentin, son unique prestige autrefois, rien ne restait de la Suzanne qu’il avait dédaignée. Le teint avait pris une transparence veloutée ; les grands yeux bleus, toujours rêveurs, brillaient d’intelligence ; la bouche s’entr’ouvrait pour sourire, d’un sourire indéfinissable qu’on ne pouvait sentir rayonner sur soi sans être conquis. Sa taille était souple, ses mouvements harmonieux ; plus de traces de cette roideur, de cette contrainte, sous lesquelles s’étaient cachées des facultés et des beautés latentes, qu’une étincelle avait suffi pour développer.