Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/227

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Ces transfigurations sont un des jeux souverains et fréquents de l’amour et du bonheur ; M. de Courvol leur attribua tout naturellement celle de Suzanne et sentit, en observant la jeune femme, en pensant à la reconnaissance qu’elle avait sans doute pour l’époux à qui elle devait sa beauté, je ne sais quelle colère âpre et violente lui monter au cerveau. Il avait fallu des mois à Félix pour découvrir le feu sacré qui couvait sous cette jeunesse languissante et triste et pour s’attacher sans retour. Il ne fallut qu’un instant à Gaston pour s’enivrer involontairement au flot de vie, de poésie et de bonté qui jaillissait des yeux de Suzanne devenue femme. — À la fin de la seconde journée, il s’était dit : Rester ici est impossible. Au bout d’une semaine, il était encore à Vallombre, formant tous les matins