Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/230

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Ce matin-là, le comte était allé visiter une ferme lointaine. Madame d’Aubray demanda tout naturellement à Gaston s’il lui plairait d’aller avec elle, à la rencontre de son père :

— Les chevaux nous seront amenés vers midi, lui dit-elle.

Plusieurs fois, depuis son arrivée, il lui avait proposé des promenades dans les environs, et elle avait toujours trouvé quelque prétexte de refus. En l’entendant faire elle-même cette offre à brûle-pourpoint et d’un air délibéré où ne perçait nulle crainte d’un tête-à-tête avec lui, il se sentit plus humilié qu’heureux et consentit d’assez mauvaise grâce, non sans lui faire observer que la chaleur était accablante, l’heure mal choisie ; mais il semblait que Suzanne eût en elle un besoin d’agitation insurmontable.