Puisqu’elle avait oublié, puisqu’elle était forte, puisque la vue de Gaston ne réveillait aucun trouble secret en elle, pourquoi évitait-elle les occasions d’être seule, avec lui ? pourquoi parlait-elle sans cesse de M. d’Aubray ? pourquoi ne joignit-elle jamais un mot de simple politesse aux efforts de ses parents pour retenir leur hôte, lorsqu’il parla de s’éloigner ?
Il vint un jour pourtant où Suzanne reprit tout à coup ses vieilles habitudes de familiarité, en y ajoutant même une sorte d’audace, de gaieté nerveuse, qui ne lui était pas habituelle. Elle annonça au déjeuner, d’un air de triomphe, le retour de son mari.
N’était-ce pas la joie d’être bientôt protégée et défendue contre elle-même qui l’enfiévrait ainsi ? M. de Courvol avait encore de grandes naïvetés, car cette idée ne lui vint pas.