Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/241

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— Est-il donc changé ?

— Non, la scène n’a pas varié… ce sont les acteurs qui ne sont plus les mêmes…

Il se pencha sur le banc où elle s’était assise ; sa bouche effleurait presque le front de la jeune femme.

— Vous en aimez un autre aujourd’hui… et moi…

— Monsieur ! fit Suzanne, si faiblement qu’on eût dit que sa vie s’en allait dans ce cri.

— Que vous importe que je vous aime, puisque vous ne m’aimez plus ?

Les chevaux piaffaient à la porte, Suzanne se leva, sortit en chancelant, s’appuya une seconde sur le cou de son poney, puis, comme Gaston s’avançait pour la soulever dans ses bras, s’élança sur la bête impatiente qui partit à fond de train.