Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/242

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Ce fut une course folle jusqu’à Vallombre. Gaston avait peine à la suivre. Son souffle arrivait jusqu’à lui, haletant, saccadé, et elle allait toujours, immobile, muette, comme l’héroïne de la ballade allemande, enlevée par le galop de son cheval, dont les naseaux lançaient des tourbillons d’écume et de fumée.

— As-tu donc fait la gageure de tuer ton pauvre Fox ? lui dit son père en la voyant sauter à terre devant le perron du château. Voilà un animal fourbu.

La soirée s’écoula languissante, M. de Vallombre se lamentait sur le sort de Fox ; la comtesse sommeillait nonchalamment étendue, Suzanne faisait semblant de lire un roman nouveau dont elle avait oublié de couper les feuillets. De temps en temps, son regard distrait se levait du livre pour se porter furtive-