Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/252

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— Vous avez raison, je partirai… Demain, je serai devenu un étranger pour vous.

Il espérait une dernière parole de compassion :

— Suzanne, m’avez-vous aimé ?

Son regard fut plus éloquent que toutes les réponses.

— Que Dieu me pardonne de m’en être trop souvenue. Je puis bien vous le dire, puisque nous ne devons nous revoir jamais.

Aurait-elle parlé de la sorte si elle eût désiré sincèrement qu’il s’éloignât ? Gaston ne le crut pas. D’un mouvement rapide comme l’éclair, il la saisit dans ses bras et la serra contre sa poitrine.

Cette étreinte résumait toutes les sensations tumultueuses contre lesquelles il se débattait depuis vingt-quatre heures.