Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/251

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paraient d’un vert étincelant ; les abeilles commençaient leur tâche bourdonnante ; des voiles semblaient se déchirer et tomber de toutes parts à l’horizon. Et une honte inexprimable s’empara de Suzanne lorsqu’elle se sentit surprise par ce réveil de toutes les choses de Dieu.

— Vous partirez, dit-elle comme en sortant d’un songe.

— Pas avant de vous avoir revue.

— Écoutez, dit Suzanne, il y a au monde un homme que je choisirais encore si, jeune fille aujourd’hui, je pouvais disposer librement de mes affections. Je l’outrage en restant ici.

— Osez dire que vous êtes heureuse avec cet homme ? s’écria Gaston hors de lui.

— Oui ! fit-elle en lui jetant ce mensonge avec énergie.