Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/261

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paroles de compassion ? Comme elle s’humiliait devant lui :

— Je suis seul coupable, ma pauvre enfant, dit-il en la tenant toujours embrassée, puisque je n’ai pas su garder le trésor qui m’était donné.

Félix était-il donc un héros de stoïcisme ?

Non ! mais il avait cet orgueil élevé qui ignore l’égoïsme dont émane toute cruauté, toute injustice humaine. Il avait une volonté ferme et le mépris du ridicule ; aucun froissement mesquin d’amour-propre ne se mêla donc à l’extrême chagrin qu’il ressentait, aussi ce chagrin le laissa-t-il généreux. Avec un sourire et un accent sublimes, il dit ce mot qui dut récompenser Suzanne de l’effort qu’elle avait fait, en triomphant de la honte par la franchise :