Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/262

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— Tu ne m’avais rien promis, rien que d’accepter un dévouement qui n’a pu se manifester jusqu’ici, car tu ne m’as donné que du bonheur. Laisse-moi te prouver aujourd’hui que j’étais digne d’être choisi pour te consoler et t’aider à vivre. N’ai-je pas été d’abord et avant tout, ton confident, ton ami, ton frère ? Ne puis-je l’être toujours, quand tu voudras et tant qu’il le faudra ? Tu es venue librement te jeter dans mes bras et me demander de te guérir. Ne me donnes-tu pas là un témoignage de tendresse dont je dois être fier à jamais ?

Il fallut bien qu’elle se rendît, car Félix était vraiment grand, et la comparaison devenait accablante pour son rival. Quelque chose de plus noble et de plus rare que la passion, l’abnégation entière de soi, l’amour désinté-