Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/264

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Ils restèrent quelque temps encore à Étretat, dans une intimité bien autrement profonde que celle qu’ils avaient connue jusque-là, puisqu’il y avait entre eux maintenant un lien indissoluble : l’affliction partagée et l’infini de la confiance.

Qui sait ? Félix caressait peut-être comme Gaston, la chimère de l’impossible, car il se jeta avec toute l’énergie de son âme dans cette tâche délicate de sauver et de reconquérir sa femme. Conquête plus rare et plus glorieuse mille fois que celle qu’un séducteur émérite peut faire de la femme d’autrui. Et il y réussit. À quelques mois de là, M. de Courvol serait revenu à Vallombre sans mettre en péril l’honneur de Suzanne. Mais il ne revint pas. Garda-t-il donc une blessure incurable au fond de lui-même ?