Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/263

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ressé, invincible, fort comme la mort, apparaissait à Suzanne attendrie.

Elle demeura écrasée sous le poids de son infériorité, ne sentant plus en elle qu’un regret dévorant qui dominait tout le reste : celui d’avoir failli aux yeux de Félix et d’être obligée de reconnaître qu’elle se fût perdue sans lui.

Il l’entoura de tant de respect, il lui marqua si bien qu’elle n’était nullement déchue de sa dignité, il affecta si noblement l’ignorance de ce qu’il savait, que l’estime d’elle-même revint à Suzanne, avec toute la force nécessaire à la lutte. On ne peut se le dissimuler, elle dut lutter encore et longtemps contre ses souvenirs, mais elle effleura l’écueil sans s’y briser, appuyée sur un bras robuste qui l’aidait à tout surmonter.