Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/288

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Avez-vous aimé ? Je crois que vous souriez de la naïveté de ma question. — On aimait souvent… sinon beaucoup au dix-huitième siècle.

Pardonnez ! Trop de fierté rayonne sur ce beau front, pour que vous soyez la créature frivole, au cerveau vide, au cœur éventé, que les chroniques scandaleuses nous désignent sous le nom de Caillette. Vous n’avez pas perdu votre temps dans le papillotage, et si votre bouche pouvait s’ouvrir ce serait pour laisser échapper l’aveu de quelque passion haute et noble dont vous n’auriez pas à rougir. Laissez-moi croire cependant que vous n’avez pas mordu à l’idéal de la Nouvelle Héloïse ; que vous n’avez jamais compté parmi ces femmes sensibles auxquelles je préfère encore les fringantes évaporées qui se plantaient bravement