Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/293

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et il n’existait à Alligny d’autre horloge qu’un vieux coq, — mais, tout à coup, j’entendis sur le carreau un frou-frou de falbalas et, levant les yeux, je vis le cadre vide. Mon premier sentiment ne fut pas, je l’avoue, le sentiment d’orgueil qui eût dû venir à un émule de Pygmalion ; je ne me félicitai que fort médiocrement d’avoir évoqué, par la magie de ma pensée, cette marquise Régence ; si mon cœur battit, ce fut de surprise et aussi de l’effroi qu’inspirent toujours les faits surnaturels. Cependant ma frayeur ridicule dura peu et fit place bien vite au ravissement ; on ne pouvait éprouver que cela en présence de l’apparition qui se tenait debout à mes côtés, non pas à l’état de spectre solennel et pâli, mais vivante, et rose, et potelée, jouant d’une main avec les perles de son cou, de l’autre, secouant, avec