Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/294

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une grâce infinie, les plis solides et superbes de sa jupe ornementée de gros nœuds à paillettes. Sous ses dentelles, ses parements bouillonnés, ses pompons, ses échelles de rubans et de fleurs, on eût dit un modèle de Lancret partant en conquête, et j’eus besoin de réfléchir à mon costume moins apprêté pour ne pas tomber à ses pieds et baiser le petit soulier au venez-y-voir doré qui s’avançait vers moi.

Elle s’aperçut de mon extase, me tint à distance par un geste imperceptible et cependant très-majestueux, puis sans façon et de l’air le plus délibéré du monde, elle s’assit au bord de mon lit et me toisa non sans dédain en relevant l’arc de ses sourcils qu’on eût dit tracés au pinceau.

— Or çà ! dit-elle, que faites-vous chez moi ?