Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/300

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veiller et sourire, vos émotions se refléter sur un autre visage, tandis que vous vous conterez à vous-même les plaisirs et les douleurs passés. Est-ce cela ?

— Vous n’êtes pas aussi avantageux ni aussi sot que je l’avais cru d’abord, dit mon interlocutrice tout à fait apaisée.

Et sans autre préambule, elle commença :

« J’étais veuve et j’avais vingt-cinq ans. À quoi bon vous parler de ce qui précède ce temps-là ? Que vous importe qu’un fort grand seigneur ait cru faire beaucoup d’honneur à une très-petite bourgeoise, en se l’attachant par un contrat dans lequel il n’apportait que ses cinquante ans, embellis par la goutte, en échange d’une figure qu’on disait charmante, d’une jeunesse printanière qui ressemblait encore à l’enfance, et d’un cœur neuf, formé à