Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

condamnée au silence. Il y a tantôt cent ans que je m’ennuie. Pour la première fois, il passe dans cette chambre un esprit curieux…

— Et plein de sympathie…

— Eh bien ! oui… je le crois. Vous êtes jeune et vous avez longtemps rêvé devant un portrait, vous lui avez créé dans votre imagination toute une histoire, parfois devinant juste, vous trompant plus souvent. Je viens donc rétablir les faits. Mes confidences ne peuvent plus faire de mal à personne et elles me feront grand bien à moi, qui ai su toute ma vie garder mon cœur fermé. Comprenez-vous ?

— Je comprends que vous aimerez à faire défiler une fois devant vous le cortége de vos jeunes années, à respirer le parfum d’un secret inhumé en vous-même, et que vous avez besoin de voir un auditeur pleurer, s’émer-