Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien moi qui avais pu succomber ainsi en un moment, après tant de victoires remportées sans peine. J’accusai le délire du bal, et la contagion de l’exemple, et je ne sais quelle fièvre éphémère dont je n’avais pas été maîtresse. Mais de retour à Alligny, dans la tranquillité de ma retraite, loin de toutes ces surexcitations factices auxquelles j’avais reproché ma défaite, son image me poursuivait. Qu’en conclure ? — Que je l’aimais. — En même temps j’étais forcée de reconnaître avec désespoir qu’il m’oubliait et que ce qui avait fixé ma destinée avait dû à peine marquer dans la sienne.

» C’était presque au lendemain de Fontenoy. Je parfilais mélancoliquement dans la chambre où nous sommes, quand soudain le galop d’un cheval m’appela à la fenêtre. Il avait tenu