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Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/315

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genoux un souvenir, le courage me manqua. Je me laissai voir dans le désordre de tant de sensations nouvelles. Tout en causant, nous nous étions fait notre confession réciproque ; il savait que je partais le lendemain pour mes terres. Lorsqu’il me conjura de les lui nommer, je cédai encore.

» — M’y recevrez-vous ? me demanda-t-il.

» — Avant que ces fleurs soient fanées vous en aurez oublié le chemin, répliquai-je en lui jetant mon bouquet.

» Je ne puis vous dire quel ravissement le fit pâlir et chanceler ; j’avais pris la fuite ; mais en me retournant, je l’aperçus qui pressait sur ses lèvres ce gage que je lui laissais et qui m’attachait sans retour.

» À peine l’avais-je quitté que mon imprudence m’épouvanta. Je me demandai si c’était