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Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/325

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cinq années qui ont suivi, je les ai passées enfermée à Alligny. Lucienne est venue deux fois, et sa vue ne m’a fait que du mal. Lui, a eu la générosité de comprendre que nous ne devions jamais nous rencontrer en ce monde.

Comme une larme roulait sur ses doigts, que je baisai avec un respect douloureux :

— Ne me plaignez pas, ajouta-t-elle. J’ai aimé. Toute ma vie s’est résumée dans les huit jours qu’il m’a donnés, et je ne la changerais pas pour d’autres plus longues et moins troublées. Le bonheur ne se mesure point au temps. Une minute peut en contenir tout une éternité…

J’entendis à peine ces derniers mots que couvrit le chant discordant du coq qui s’égosillait dans la cour.

Le soleil entrait à flots pressés par les fenê-