Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Donnez ! m’écriai-je avidement.

Mais le bonhomme sorti, je refermai le livre :

— À quoi bon, pensai-je, compléter ma déception ? À quoi bon lui chercher un nom qui ne sera pas le sien ? À quoi bon me prouver à moi-même qu’il n’y a rien de vrai dans le récit que je viens d’entendre ? Tel qu’il est, avec ses lacunes, ses invraisemblances, j’y croirai.

Et me tournant vers la marquise anonyme.

— Quant à toi, charmant fantôme de ce qu’elle fut, de ce qu’elle était tout à l’heure encore, ta captivité dans ce donjon touche à son terme. Quelque prix qu’on mette à ta possession, tu m’appartiendras ! Je pourrai t’évoquer chaque jour et continuer mon rôle de confident, puisque la destinée, en me faisant naître un