Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/40

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— Qu’il se ruine ; n’a-t-il pas mon inutile fortune à jeter aux vents après la sienne ? Qu’il s’amuse pour lui et pour moi qui ne m’amuserai jamais !

Je lui répondais de façon à ce que mes regrets ne se laissassent pas deviner :

— Ton vin de Champagne me grise ; tu m’as tout étourdi par le récit des folies auxquelles nous entraînent nos vingt ans ; je ne me serais jamais cru si criminel et suis fier d’être à mon insu le mauvais sujet que tu dépeins. Combien notre biographie deviendra intéressante, si nous continuons l’un à inscrire les jours de jeunesse et de soleil, l’autre les jours de brouillard et de raison ! Mon cher double, je t’envoie une partie de ma gaieté à dépenser là-bas et mon cœur tout entier à garder pour toi seul. Acquitte-toi bien du mandat.