Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/50

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effrayé. Il voulait appeler au secours, je l’en empêchai, mais je ne pus l’empêcher de même de passer la nuit à mon chevet. Le croiriez-vous ? sa vue me faisait un mal affreux ; il me semblait le haïr !

J’eus une grosse fièvre, pendant laquelle les soins de Gérard ne se démentirent pas ; j’aurais préféré mille fois ceux de Furey, mais depuis plusieurs jours déjà le pauvre homme nous avait quittés. Sa petite nièce, après avoir fait le désespoir de la directrice du pensionnat, par un entêtement, une indolence et une sauvagerie taciturne dont on ne pouvait venir à bout, était tombée gravement malade aux approches de l’hiver, le premier qu’elle eût connu. À mesure que les feuilles se détachaient des branches, que la nature s’effaçait sous le brouillard, le spleen l’envahissait. Il