Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eût fallu quelque transition douce entre l’atmosphère de feu qu’elle quittait et la glaciale humidité de nos vallées. Les médecins désignèrent une ville du Midi où son oncle, en présence d’une alternative de vie ou de mort, ne put se refuser à la conduire.

J’ai pensé depuis que ce vieillard était le génie protecteur de la maison, car après son départ la destinée nous frappa sans trêve. Le premier coup me fut porté par mon frère, qui cruellement, à brûle-pourpoint, m’annonça son intention de demander la main de mademoiselle de Mareuse. Je savais trop qu’il l’adorait, mais l’idée de voir en elle sa femme, de vivre constamment et familièrement auprès d’eux, inaperçu, dédaigné, ne m’avait pas même traversé l’esprit. Cette confidence l’y enfonça comme un trait de feu,