Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/55

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l’appelait en Afrique et la première balle devait être pour lui. Il ne survécut pas à sa blessure le temps de nous envoyer un adieu. Tout ce qui revint de lui fut le petit médaillon avec nos chiffres entrelacés qu’il portait toujours sur sa poitrine.

Mes chagrins n’ont jamais été tamisés, amortis par des consolations ni des ménagements. Celui-ci m’atteignit lorsque j’affirmais à Gérard, qu’à son retour il ne me trouverait plus amoureux. Sa brusque résolution, ce départ, cette preuve suprême d’amitié avaient anéanti ma passion. Il semblait que des écailles fussent tombées de mes yeux. Je revoyais sans aucun trouble mademoiselle de Mareuse, je l’observais en juge désintéressé, je lui découvrais des défauts, avec une vague